Les multinationales (définition wikipedia) font aujourd’hui partie de notre quotidien, à travers nos achats, nos déplacements, nos lectures, nos professions, nos stimulations publicitaire (spots radios, affiches, pub tv, etc.), notre environnement territorial (zonings commerciaux et industriels omniprésents, magasins franchisés dans tous les centres villes), etc. Illustration en musique. Elles ont considérablement facilité notre capacité à consommer en masse, en variété, en couleur, en gaieté, sans jamais plus nous poser de questions…nous sommes entraînés dans une douce facilité… Alors pourquoi donc remettre cette facilité en question ? Les multinationales n’apportent-elles pas que des bienfaits ? Que leur repproche-t-on vraiment ? - De délocaliser : à la recherche « légitime » du moindre coût (matières 1ères et main d’œuvre), elles quittent nos territoires vers des régions à salaires beaucoup plus bas et à législation sociale beaucoup plus laxiste. Ce faisant, elles éloignent consommateurs et salariés (ce qui aurait créé un juste emploi local), nous privent ici de créations d’emploi et des cotisations sociales relatives, entraînent du chômage, et surtout ces délocalisations font baisser la valeur emploi sur le plan mondial. Illustration en vidéos « Full Option » (industrie automobile) et Made In IKEA (ammeublement).
- De générer des inégalités salariales / conditions de travail : comment avoir une vie décente, élever sa famille, espérer sortir de sa condition, vivre dans la dignité, lorsque l’on vit dans la précarité engendrée par un salaire qui permette d’atteindre le minimum vital ? l’issue : dans l’espoir mince d’obtenir un gagne-pain, rejoindre les périphéries des grandes villes ou rejoindre l’occident… Illustration en vidéos « Full Option » (industrie automobile), Made In IKEA (ammeublement) et La face cachée de l'I Pad. Autre exemple avec la grande distribution : Pourvu que ça dure 0,2 €, c'est ce qui revient à la couturière de Chine, d'Inde, du Bangladesh ou d'ailleurs qui a fabriqué un t-shirt vendu 20 € chez Carrefour, Cora, Aldi, Lidl, Trafic... Et 20 cents, ce n'est pas suffisant pour se loger, se nourrir, se vêtir, aller à l'école, avoir accès aux soins de santé... Pourquoi si peu ? Parce que les grandes surfaces sont des superpuissances économiques en situation de quasi monopole. Elles concentrent un pouvoir énorme qui leur permet d'imposer leurs lois aux travailleurs du Sud et du Nord. Voir aussi le film "Pour un meilleur marché". Pour en savoir plus sur la question.
- De se baser sur économies d’échelle, productivisme et industrialisation : probablement la dérive la moins perçue. Au plus on s’industrialise, au plus on grandit, au plus on fait du volume, au plus on répartit ses coûts fixes (infrastructures, salaires, marketing) par unité vendue. Au début, c’est bien. Ca engendre une diminution de prix. Un cas d’école. Mais ces économies d’échelles se sont aujourd’hui exacerbées au point qu’elles ratiboisent la concurrence petite et moyenne, incapable de s’aligner sur les prix. Mais surtout, ce sont des millions d’emplois fantômes qui ne sont plus créés du fait de cette rationalisation globale, passés ainsi à la moulinette du productivisme et des économies d’échelle. Le principe : pour 10 unités vendues, une PME créait 4 emplois, tandis qu’une multinationale n’en créé plus qu’1,5. Toujours pour 10 unités vendues. Que sont devenus ces 2,5 emplois ? Où ? Au chômage....
- de privilégier des intérêts privés avant l'intérêt collectif : les multinationales disposent d'une armée de lobbyistes capables de faire pencher les décisions politiques en faveur de leurs intérêts. Face à ces groupes de pression, les ONG et les mouvements écologistes ne font souvent pas le poids. La plupart du temps cette influence s’exerce en tout opacité. En repoussant, affaiblissant ou en bloquant des progrès sociaux, économiques, environnementaux et en favorisant ceux qui vont dans un sens favorable aux intérêts des grandes entreprises qui les rémunèrent, ces pratiques de lobbying aboutissent à un affaiblissement de la démocratie européenne. Pour en savoir plus, lire la dernière analyse d'Oxfam sur la question.
- d'échapper généralement à toute responsabilité sociale, voire même de devenir complices de violations des droits humains : expulsions forcées, menaces voire assassinats de syndicalistes, pollutions et catastrophes écologiques, corruption, complicités avec régimes totalitaires... La liste des multinationales impliquées dans des violations est longue, voir les rapports d'Amnesty sur le sujet. Poussées par le souci de toujours optimiser au mieux leurs performances économiques, les multinationales n’hésitent parfois pas à se livrer aussi à des pratiques qui peuvent avoir des conséquences catastrophiques sur le plan sociétal, humain et environnemental. Lire l'analyse d'Oxfam sur la question.
- d'encourager la surconsommation et l'obsolescence programmée : pour pouvoir produire beaucoup et de plus en plus, il faut s'assurer que la consommation suive. D'où l'idée de fabriquer des biens à la durée de vie (technique ou commerciale) délibérément réduite pour obliger ou inciter les consommateurs à en acheter des remplacements. Ainsi, les fabricants d'ampoules, voyant que leurs produits duraient trop longtemps, ont conçu dans les années 30 des modèles qui s'usaient beaucoup plus vite, afin d'assurer leur remplacement rapide, et donc la consommation. Le pire est sans doute que les consommateurs s'habituent à devoir jeter des produits faits pour durer peu de temps, comme l'explique Patrick Van Campenhout dans un article récent paru dans la Libre, en dénonçant notamment la politique d'Apple. Ce phénomène s'observe également dans le domaine de la mode : les vêtements actuels s’usent plus rapidement que par le passé et il est interpellant de voir avec quel fatalisme nous acceptons cette évolution. Lire à ce sujet l'analyse d'Oxfam-Magasins du monde. Pour en savoir plus sur l'obsolescence programmée, voir l'excellent documentaire "Prêt à jeter" diffusée sur Arte le 15/02/2011.
Tous ces constats ne datent pas d'hier. Pourtant, les consommateurs peuvent en décider autrement. Ils ont pour cela une arme redoutable : rien ne les empêche de dépenser leur argent autrement, et d'exiger des producteurs et des distributeurs le respect des droits fondamentaux des travailleurs, au Nord comme au Sud. En faisant le choix du commerce équitable, on encourage aussi une autre forme de commerce, basée sur le respect des hommes et de la nature, et sur un mode de consommation durable.
Please login or register to add comments |